À partir de 1845, la marquise se consacra au perfectionnement de la culture et de la vinification du célèbre vin Barolo, favori de Carlo Alberto de Savoie, se rendant souvent dans leurs domaines et caves dans le village homonyme des Langhe. En effet, la marquise appartenait déjà à l'ancienne lignée d'une noble tradition viticole française, une discipline qu’ avait commencé ses ancêtres environ deux siècles auparavant dans la région de Reims, puis dans les châteaux de Brézé et de Maulévrier, dans le pays de la Loire.

L'histoire du Barolo, vin rouge très particulier, commence avec le mariage de Juliette Colbert et de Carlo Tancredi Falletti de Barolo (personnalités marquantes du Risorgimento piémontais et non seulement). Les origines du Barolo se trouvent dans la vigne dont il est issu: le Nebbiolo, avant l’intervention de ces deux grands protagonistes, c’était un vin acceptable, très différent du Barolo actuel. Cependant, il convient de rappeler que le territoire particulier de Barolo, protégé en quelque sorte par les collines environnantes, rend le raisin Nebbiolo riche en sels minéraux et en sucres.

Le succès du soi-disant "roi des vins et vin des rois" est décrété par Juliette, qui en fait la promotion auprès de la cour de Savoie et des différentes cours européennes. À cet égard, on raconte qu'un jour le roi Carlo Alberto a demandé à la marquise pourquoi il n'avait pas encore goûté ce fameux vin produit dans la région du château de Barolo, résidence de vacances à la campagne de la noble famille. Quelques jours après, Turin assista à un spectacle inédit: les rues de la ville étaient parcourues par des chariots de la marquise remplis de vin qui se dirigeaient vers le palais royal – précisément trois cent vingt-cinq, un pour chaque jour de l'année, moins les quarante jours de Carême!

De cette manière, les marquis firent la promotion du vin, en l’offrant aux souverains, à leurs invités et à tous leurs amis. Etant tous les deux, personnalités bien connues et très appréciées, le vin Barolo acquis une image importante et notable. Mais Juliette souhaitait réellement donner un avenir et un prestige stable à la qualité de son vin. C'est pourquoi elle a demandé à son ami Camillo Benso, comte de Cavour, les conseils de l'œnologue français Monsieur Louis Oudart, qui collaborait depuis 1843 avec le comte à la production du vin Barolo. dans les caves de Grinzane Cavour. Camillo se concentre sur ce problème: comment créer un vin qui puisse vieillir et rivaliser avec les cousins français de la Bourgogne et de Bordeaux? Ce personnage apportera une contribution significative au Barolo en le vinifiant à la française.

Comme déjà mentionné précédemment, le Barolo était auparavant un vin rosé doux et légèrement pétillant. Le raisin Nebbiolo mûrit tardivement et l’on peut supposer qu'à cette époque, les premiers froids interrompaient la fermentation. Avant les interventions de Juliette, la fermentation avait lieu à l’extérieur sous des porches; plus tard, des caves souterraines furent construites. En créant un microclimat protégé, le vin pouvait ensuite être vieilli, en maintenant une température contrôlée, le rendant stable et d'une structure considérable.

Un témoignage important reste celui de l'historien Massé, qui écrit: "... ce sont les Marchesi Falletti au début du XIXe siècle, qui ont su créé ce type de vin qui porte maintenant le titre de Barolo, produit avec grand soin dans leurs très vastes domaines à Barolo ... ". Il souligne également que le Comte Camillo de Cavour a aussi eu un rôle fondamental à rendre célèbre le Barolo. Ces précieuses initiatives conduiront donc à un vin sec, avec des passages en fûts avant de la mise en bouteille. Le succès du Barolo explose à un moment et à une époque particulière; la période qui précède et couronne l’Unité de l’Italie; ce vin était l'allié de Cavour lors de ses déjeuners diplomatiques, habile chef d’état, capable de créer un réseau d'accords nécessaires pour proclamer la naissance de la nation.